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Premières neiges, premières traces

Ce matin, je regardais par la fenêtre de la salle de bain pour m'enquérir de la météo. Il avait neigé dans la nuit et un animal avait laissé une piste dans l'entrée et sur la route. De loin, la piste double et la grosseur des empreintes faisaient penser à une moufette rayée qui aurait fait un aller-retour; cela est déjà arrivé.

En allant examiner les traces de plus près, tout indiquait qu'il s'agissait plutôt d'un raton laveur: la longueur des doigts, la différence des empreintes postérieures et antérieures et l'alternance des pas. Pourtant, il y avait quelque chose qui ne collait pas: toutes les empreintes allaient dans la même direction et il y en avait trop pour un seul animal. 

C'est en suivant la piste sur la route et en la voyant se séparer (photo de droite) que j'ai compris qu'il y avait deux ratons. Il s'agissait probablement d'un jeune et de sa mère, car bien qu'ils naissent vers avril-mai et soient sevrés à quatre mois, les jeunes passent généralement le premier hiver avec leur mère.  

Signe de vie

Même si ce n'est pas agréable à ramasser, un bac de déchets organiques renversé sur le bord de la route est un indice de la présence des ratons laveurs qu'il me fait toujours plaisir de relever.

Trafic de nuit

Bon, le printemps est encore loin mais je commence à m'ébrouer et à sortir de ma tanière. Apparemment, je ne suis pas le seul et la petite neige de la nuit dernière a laissé deux belles pistes dans l'entrée.

Il y a le Y quotidien du lapin à queue blanche (le lièvre est improbable dans notre coin) qui vient brouter mon hamamélis de Virginie. D'ailleurs, s'il continue, c'est moi qui vais le manger.

De la gauche vers la droite, le maudit lapin. Du haut vers le bas, la moufette rayée 

L'autre trace est une nouveauté, bien que j'aie déjà eu plusieurs face-à-face pacifiques avec sa propriétaire. Le rythme de la piste (1,2,1...1,2,1...), la patte postérieure un peu plus longue qui laisse voir un "talon", je parierais que c'est mon amie la moufette rayée. Elle est au galop lent, l'allure qu'elle adopte pour traverser une zone à découvert.

Ici, la moufette se déplace de droite à gauche. 
De droite à gauche : patte postérieure, antérieure, postérieure au-dessus - antérieure au-dessous, postérieure et ainsi de suite
Patte antérieure (au centre) sur laquelle on voit de gauche à droite: les griffes, les coussinets digitaux, le coussinet plantaire et une esquisse de coussinet carpien. Sur la patte postérieure (à gauche), le coussinet carpien est beaucoup plus apparent.

C'est écrit dans la marge

L'année dernière, à peu près à la même époque, je manifestais avec quelques résidents du quartier pour arrêter des travaux visant à faire passer un boulevard dans un milieu protégé. Nous réussîmes à faire stopper le projet, mais pas à empêcher la destruction du milieu.

Comme il était vaguement question de contraindre le promoteur à restaurer le milieu, j'y suis retourné récemment pour constater l'état des lieux sans trop me faire d'illusion. 

Sans surprise, rien n'a changé après un an. L'artificialisation des sols a été telle que même la végétation a du mal à recoloniser l'endroit. Quant à la faune, celle qui a survécu, on pourrait croire qu'elle a fui. Pourtant, si on s'affranchit du cadre et des perspectives où la rectitude s'impose et si l'on sort du sentier battu pour s'attarder dans la marge, la vie est là, à l'état de traces.

Dans les fossés, il y a souvent un peu de boue pour retenir les pas.   
Ici, probablement un raton laveur 
Et là, un cerf de Virginie avec les deux doigts du sabot surmontant les deux ergots. 

Un 16 décembre à Longueuil

Ce matin, il y avait deux pistes dans la neige devant la porte: celle du raton laveur qui était venu faire la tournée des poubelles pendant la nuit et celle d'un lapin à queue blanche qui vient régulièrement tailler les branches les plus basses de notre faux-cyprès de Nootka (Chamaecyparis nootkatensis).

Les empreintes du raton (qui se déplace de droite à gauche) vont par paires. Les plus petites traces, en avant, sont laissées par les pattes antérieures en alternant à gauche et à droite (ici, en bas et en haut) d'une paire à l'autre.
Le lapin à queue blanche (qui se déplace de gauche à droite) et le lièvre d'Amérique tracent des Y: le pied de la lettre (les deux points de gauche) correspond aux deux "antérieures" qu'il pose en deux temps (la réception du bond) et les branches du Y (les deux points parallèles de droite) correspondent à ses "postérieures"  qu'il ramène en croisant devant les antérieures pour préparer le bond suivant...vous visualisez ?

Espéré et redouté

Première semaine autour de 15°C. Au Québec, le printemps ne prévient pas. Il réussit même à surprendre l'hiver qui ne peut que battre en retraite dans la débacle la plus totale.

Au jardin, la neige se retire et c'est le moment du bilan, tant espéré et craint à la fois: quelles plantes ont survécu ? Ou pour être plus précis: quelles plantes les campagnols ont-ils laissé ?

Des orifices et des fantômes de galeries qui n'annoncent rien de bon

Cette année, la  fonte a révélé un réseau important de galeries creusées entre sol et neige, ainsi que plusieurs nids tapissés de mes plantes déchiquetées. La Sauge officinale, une vieille souche ligneuse que j'avais depuis des années, ne s'en remettra pas, et ma lavande, des graines qui venaient de France et que j'avais réussi à faire survivre à plusieurs hivers, a pris un méchant coup.  Des envies de génocide m'ont traversé l'esprit, mais ce serait peine perdue, et surtout beaucoup trop risqué pour les autres espèces, surtout notre tamia rayé déjà très actif. 

Nid parfumé à la sauge, un "must" chez les campagnols

De toute façon, la disparition de la couverture neigeuse suffit généralement à faire refluer les "Attila" vers le bois et à stopper les dégats. Sinon, j'interviendrai. Et puis, l'hiver prochain, j'ouvrirais peut-être la porte au renard... au risque de laisser entrer le lapin. 

Lavande, Aurone, tout ce qui est ligneux se mange; tout ce qui est herbacé sert de litière  

Après la tempête...

Ce matin, en ouvrant la porte pour aller enlever les derniers restes de la tempête de neige, j'ai trouvé les traces d'un jeune lapin à queue blanche sur le pas de la porte. Je ne l'ai pas entendu frapper et il a du se contenter de la chaleur qui s'échappait par la porte. Et puis, au plus gros de la tempête, il est allé se réfugier sous l'auto. 

Ce n'est pas la première fois qu'il vient. Toutes les nuits, il vient vérifier que je n'ai pas oublié de fermer l'acccès au jardin. Tant qu'il restera de ce côté de la clôture, nous serons amis.

L'échelle est une botte d'hiver, taille 40 

Aux mangeoires, on rattrapait le temps perdu: sizerins flammés, chardonnerets jaunes, moineaux domestiques, roselins familiers, sittelle à poitrine blanche et pic mineur. Il ne manquait que les bruants hudsoniens, les juncos ardoisés et les cardinaux rouges, qui préfèrent manger ce que les autres laissent tomber.    

Les trois pas du fox-trot

Quand il parcourt son territoire, le renard roux, comme les autres canidés, préfère le trot à la marche ou au galop. C'est une allure qu'il décline de trois façons - le trot (régulier), le trot de côté et le trot projeté - et qui laisse des pistes distinctes pour le naturaliste qui passe derrière lui. Le choix du trot dépend du terrain, de la vitesse que le renard adopte et d'autres paramètres qu'il est le seul à connaître. 

Quel que soit le pas utilisé, les pattes se déplacent toujours deux par deux (avant-gauche avec arrière-droite et avant-droite avec arrière-gauche); faisant en sorte que le renard a presque toujours deux pattes opposées au sol, à l'exception de la fraction seconde du changement de paires pendant laquelle aucune patte ne touche le sol.

Piste de renard roux au trot

Le trot "régulier" est le plus lent des trois et ne laisse qu'une piste rectiligne composée d'une seule empreinte de patte à intervalle régulier (voir le schéma ci-dessous). Elle s'explique par la superposition des pattes postérieures sur les pattes antérieures. C'est l'allure du renard relax, maître chez lui, en quête de proie; c'est aussi celle que l'on rencontre le plus souvent.

Lorsque le trot s'accélère, les pattes se décalent et les postérieures se posent de plus en plus en avant des  antérieures. On dit alors que le pas est méjugé.

À une vitesse plus élevée, les pattes postérieures risqueraient de rencontrer les antérieures. Pour éviter cela, le renard adopte le pas de côté qui se traduit par une double empreinte de pas disposée à intervalle régulier; une patte (la postérieure) précédent l'autre (l'antérieure opposée), toujours du même côté. C'est l'allure tout aussi fréquente, du renard pressé et peut-être préoccupé. Le trot de côté oblige le renard à marcher en crabe et son corps fait un léger angle par rapport à la direction qu'il suit.  

Une autre façon de trotter plus rapidement en évitant que les pattes antérieures et postérieures se touchent est de ramener chaque postérieure vers l'avant en les faisant passer par l'extérieur. C'est le trot projeté, moins fréquent, qui laisse une piste à double empreinte avec la postérieure en avant comme celle du trot de côté. Toutefois, au lieu d'être alignées comme précédemment, les paires d'empreintes sont régulièrement décalées à droite et à gauche, d'un pas à l'autre (voir le schéma à la fin). 

Renard roux trottant de côté 
Les trois trots du renard: le trot "régulier" (en haut), le trot de côté (au centre) et le trot projeté (en bas)

Source principale: Traces d'animaux du Québec, Mark Elbroch, Éditions Broquet

De drôles de traces

Nous sommes dans le parc national du Mont-Tremblant, un 14 décembre. Nous marchons dans une forêt mixte du massif des Laurentides quand nous croisons une piste étrange laissée par un animal dans la neige fraîche de la nuit passée. 
C'est la première fois que nous voyons ce genre de trace: 17 cm de largeur, délimitée par une rainure de chaque côté et entre les deux, la neige labourée sans foulée discernable ni empreintes nettes. De quoi exciter la curiosité. À première vue, ce n'est ni un animal qui rampe (la neige serait tassée pour donner l'aspect d'une traînée) ni qui saute (il y aurait 2 ou 4 empreintes de pattes regroupées à intervalles réguliers). 
Le premier réflexe est de faire une liste des mammifères susceptibles de vivre dans la région en éliminant d'office les souris, les campagnols et les musaraignes...trop petits. Ensuite, on élimine ceux que l'on connait: les gros canidés (coyote, loup), les gros félidés (lynx, on ne pense même pas au puma, disparu), les cervidés (cerf de Virginie, orignal) et l'ours noir. Il reste les inconnus - beaucoup trop - et les connus dans des situations inhabituelles.
À partir de là, on ne peut plus faire que des hypothèses que nous vérifierons en rentrant, comme par exemple un opossum (de loin la plus farfelue, mais comme nous n'en avons jamais vu) un renard roux ou un mustélidé (martre, pékan) transportant une grosse proie qui traîne de chaque côté de sa gueule (celle-là n'est pas mal non plus dans le genre farfelu), un porc-épic dont nous n'avons jamais vu les traces dans la neige ou une mouffette rayée. 
Finalement, après consultation de quelques références, nous en sommes restés au porc-épic, mais sans certitude. J'ai bien sûr posté mes photos à iNaturalist dans le projet North America Animal Tracks Database dans l'espoir qu'un spécialiste confirme ou infirme l'hypothèse. 
 

Un 28 août dans l'arrière-pays saguenéen


Huit kilomètres dans la campagne de Saint-Charles-de-Bourget (Québec), à l'écart des routes touristiques, loin des sommets des monts Valin. C'est le sentier du Saguenay dont nous nous souviendrons; un chemin entretenu comme on les aime, c'est-à-dire à peine (pas une autoroute de gravelle comme on en voit dans les parcs de la SEPAQ) et surtout, le plaisir de marcher dans un univers sonore 100 % naturel sans avoir à se pousser pour laisser passer un coureur ou un marcheur pressé. 
Huit kilomètres, 100 mètres de dénivelé, c'est quoi ? Une heure et demie, deux heures de marche à un pas de randonneur, mais pour nous qui pratiquons le pas du naturaliste curieux de tout, il faut bien une demi-journée pour marcher des rives marécageuses du lac Duclos (en haut à droite)  jusqu'au sommet de la colline (à gauche) et faire le tour du lac à castors.
 
La passerelle de métal (le trait blanc) longe le premier de la longue série des barrages (à gauche) dressés par les castors de l'endroit.

Premier arrêt pour identifier cette verge d'or qui ressemble comme deux gouttes d'eau à Solidago macrophyllum
Là où il n'y avait rien à tirer de la terre, on chemine sur un tapis de mousse à travers un paysage de conifères qui ressemble à l'originel.
Là où la terre était généreuse, elle a été défrichée pour faire place au soja et au maïs. Autour, les peupliers faux-tremble guettent la mort du paysan et préparent la revanche.
Et là où il y avait quelques gros arbres à couper, il reste le chablis.
Un geai a trépassé par là. 
Au sommet de la colline, l'horizon s'éclaircit et les arbres se font petits.
C'est le domaine du pin gris qui sait se contenter de peu d'humus.
En haut, on marche sur de la vieille roche qui s'est cristallisée loin sous nos pieds, le socle d'une montage arasée par des milliers d'années de frottement d'une glace dont l'épaisseur se compte en kilomètres. Cela laisse forcément des traces: une surface sans angle sur laquelle on remarque parfois les ondulations des cannelures.
Autres traces: ce coup de griffes laissé par un roc charrié par la glacier permet de déterminer la direction de son écoulement. Le bâton indique approximativement l'axe nord (à gauche) - sud; la glace suivait donc le fjord (voir ci-dessous) 
Le fjord du Saguenay dont les eaux coulent du lac Saint-Jean (en bas) vers le fleuve Saint-Laurent (en haut). La photo est orientée comme celle des stries glaciaires ci-dessus qui a été prise sous la flèche bleue.
Arrivée au lac des castors et à la passerelle métallique visible sur la photo satellite
Sur le chemin du retour, du polypore oblique pas cher. Aussi appelé chaga dans la langue des marchands de rêve, ce champignon parasite des bouleaux aurait quelques bienfaits pour la santé selon une longue tradition orientale ou serait une véritable panacée selon le marketing. La science, quant à elle, pense qu'il pourrait contenir quelques molécules dont il faut vérifier l'efficacité et l’innocuité. 
Et puis, la preuve que nous ne sommes pas les seuls gros mammifères à fréquenter les lieux. Il y aussi de l'orignal...
...et un animal que je n'aurais pas aimé rencontrer au détour du chemin, l'ours noir.

Un 2 décembre sur le mont Saint-Bruno

Il n'y avait plus de neige sur le mont, mais l'eau des lacs était entièrement prise par la glace. En empruntant le sentier de l'hermine pour nous rendre à la carrière Potvin, abandonnée depuis les années 60, nous espérions revoir le renard roux entraperçu la semaine dernière; nous avons fait chou blanc. Peu importe, il y avait plein d'autres choses à voir.

Disamares d'Érable à feuilles coposées
Carrière Potvin
Métamorphisme
Métamorphisme
DSCN5780
Le poil dans les excréments désigne un carnivore; la forme, la taille et l'emplacement au milieu
du chemin font penser à notre renard roux.
Sittelle à poitrine blanche
Anthrisque des bois
L'anthrisque n'attend plus que le printemps