Aucun message portant le libellé Hyménoptères. Afficher tous les messages
Aucun message portant le libellé Hyménoptères. Afficher tous les messages

La-guêpe-qui-vit-toute-seule-sur-son-nid

Bon d'accord, ce n'est pas son vrai nom. Son vrai nom, c'est: "la-guêpe-jaune-et-noire-qui-vit-toute-seule-sur-son-nid-la-tête-en-bas". Mais avouez que c'est plus difficile à retenir.
Souvenez-vous bien de son nom, au cas-où vous en trouviez chez vous et sachez que, malgré leur air antipathique, elles sont plutôt placides. Selon mon expérience, la distance de fuite (distance qui provoque la fuite de l'animal) est d'une vingtaine de centimètres. Je n'ai pas mesuré la distance critique, celle qui oblige l'animal à adopter d'autres mesures que la fuite pour assurer sa survie, comme probablement une piqûre dans ce cas-ci.   

Champignonnistes


Enfant, je les regardais à la fois fasciné et un peu inquiet dans les documentaires animaliers à la télé. Je ne pensais pas alors que j'aurais le plaisir d'observer des fourmis champignonnistes sur leur terrain. La première fois, c'était dans les ruines mayas de Chichen Itza au Mexique, dans un décor spectaculaire. La deuxième, c'était il n'y a pas très longtemps au Texas; la surprise fut moins grande mais le spectacle tout aussi impressionnant.



La première chose que l'on remarque, ce sont des feuilles bien vertes qui se déplacent à une vitesse inhabituelle pour des feuilles et selon une trajectoire trop rectiligne pour n'avoir que le vent comme seul moteur. Alors inévitablement, on s'incline intrigué par ce défilé végétal et, en se rapprochant, on découvre que les feuilles sont portées par des fourmis. Le trafic est si intense qu'à l'instar d'Attila et de ses Huns, là où passent les fourmis, rien ne pousse. D'abord on s'émerveille devant le spectacle, puis l'interrogation s'impose, même à l'esprit du moins curieux: "pourquoi ?"


La raison de ce trafic est que ces fourmis, aussi appelées coupeuses de feuilles, sont des agricultrices. Elles cultivent un champignon dont elles se nourrissent et, pour le faire pousser, elles utilisent des fragments de feuilles fraîchement découpés comme substrat. Il existe une quarantaine d'espèces de ces fourmis, réparties dans deux genres: les Atta et les Acromyrmex. Ici, on peut supposer (rien n'est moins sûr) qu'il s'agit de Atta texana car nous sommes au Texas.
Ces fourmis ne cultivent pas n'importe quel champignon. Dans le cas des Atta, c'est souvent un basidiomycète du genre leucocoprinus. Elles l'entretiennent soigneusement, n'hésitant pas à changer de substrat végétal quand il ne semble pas convenir à leur cultivar. Elles le défendent aussi contre les maladies en entretenant des bactéries qui leur fournissent des antibiotiques. Cultiver les champignons est un vrai travail de fourmi. Évidemment, lorsqu'une une jeune reine part fonder sa nouvelle colonie, le champignon fait partie de la dote de la mariée.


Ces fourmis vivent sous terre. Toutes ne le font pas; certaines construisent des dômes avec des matériaux ramassés alentours, d'autres vivent dans les arbres et quelques unes comme les fourmis légionnaires s'entassent les unes sur les autres pour abriter la reine. Les attas du Texas, elles, se contentent de rejeter les résidus d'excavation autour du nid, édifiant par là même un ensemble de terrasses imbriquées les unes dans les autres.  

  

 

Abeilles en difficulté

Depuis que le printemps est arrivé (faut le dire vite !), je sors surveiller l'arrivée des mes abeilles charpentières. L'installation de l'abri a été un succès et, chaque année, elles reviennent plus nombreuses. On a même créé des liens et quand je m’assois dans les marches pour boire mon café au soleil, elles viennent parfois se réchauffer sur mes genoux. 
Cette année, je les trouvais apathiques. Il est vrai que la température et la pluie n'aident pas. Vol lourd, souvent posées au sol, essayant de prendre de la hauteur en grimpant le long des brins d'herbes, bref un comportement inhabituel. En m'approchant pour voir ce qui n'allait pas, j'ai tout de suite remarqué que le thorax et une partie de l'abdomen étaient recouverts d'une pruine brunâtre. Je me suis alors immédiatement souvenu des images d'insectes infectés par des champignons que m'avaient montré un ami et collègue biologiste, Olivier Peyronnet pour ne pas le citer.
J'ai donc cherché de ce côté-là et, en développant les photos, je me suis rendu compte qu'il devait plutôt s'agir d'acariens. Cela n'augure rien de meilleur pour mes pauvres abeilles, car ce sont des hématophages qui finissent par les tuer. Jusqu'à présent, toutes celles que j'ai vu étaient infestées de parasites 




La colonie oubliée de Lasius minutus

En vous promenant dans le boisé du Tremblay à Longueuil, vous aurez peut-être l'occasion d'apercevoir au détour d'un chemin, d'étranges monticules de terre, parfois recouverts d'herbe et presque toujours les pieds dans l'eau; vous serez alors les observateurs privilégiés des cités lacustres de Lasius minutus.



Bien qu'elle porte un nom digne d'une impératrice romaine, Lasius minutus est une fourmi. Elle se distingue des autres par une petite taille, une robe variant de l'orangé au brun pâle et des poils parsemés sur tout le corps. Vieilles de 65 millions d'années, les Lasius ont colonisé l'hémisphère nord, bien avant que l'homme ait fait son apparition. Elles se divisent en quatre-vingt quinze espèces, dont douze seulement vivent au Québec, se partageant des habitats très variés. L'espèce «minutus» privilégie les milieux humides, généralement à ciel ouvert, parfois boisés.



Elle construit ses cités au bord de l'eau, s'isolant d'elle en érigeant des dômes de terre qui peuvent atteindre un mètre de hauteur, une taille impressionnante quand on sait qu'une ouvrière moyenne dépasse difficilement les trois millimètres de longueur.


Peu d'études ont été menées sur cette fourmi et ses habitudes restent mystérieuses. La colonie, gouvernée par plusieurs reines, est constituée d'un réseau de quelques cités, deux à trois en moyenne qui peuvent toutes contenir plusieurs reines. On ne sait pas si elles communiquent entre elles pour s'échanger des individus, de la nourriture ou des informations, soit de façon permanente, soit épisodiquement au gré des saisons et des inondations. On ne sait pas non plus si les fourmilières se prolongent sous terre comme cela se fait chez d'autres espèces de fourmis.
Lasius minutus tire sa nourriture de troupeaux de pucerons et de cochenilles. Elle les fait paître sur les racines qui traversent sa fourmilière. Les insectes suceurs pompent la sève des arbres et produisent une déjection sucrée, le miellat qui est récolté par les fourmis. Certains observateurs l'ont vue ramener des insectes à sa fourmilière et prétendent qu'elle pourrait aussi chasser. Cela reste à confirmer.



Il est difficile de dire combien d'individus occupent la fourmilière. Minutus est discrète et en dehors de l'essaimage, le moment où les jeunes reines quittent le nid pour aller fonder de nouvelles colonies, l'activité autour de la fourmilière est plutôt réduite. Bien sûr, elle augmente un bref instant lorsque les futures reines et les mâles sortent pour leur envol nuptial, accompagnés des ouvrières qui les assistent. Mais, souvent, minutus préfère le «bourgeonnement» pour étendre son territoire. Les jeunes reines partent alors par voie terrestre avec un groupe d'ouvrières; ce qui rend le départ plus discret, mais plus sur. Quelle que soit la méthode utilisée, la nouvelle reine, plutôt petite comparée à d'autres reines de fourmis, n'a pas la capacité de fonder seule une colonie. Aussi pratique-t-elle le parasitisme social temporaire en s'infiltrant dans une fourmilière existante, soit de son espèce, soit d'une espèce voisine, comme Lasius pallitarsis ou alienus. Elle se fait adopter en s'imprégnant de l'odeur de ses hôtesses et les ouvrières, bernées, élèvent sa progéniture. Elle peut cohabiter avec la reine déjà en place, jusqu'à ce que le nombre de ses ouvrières soit suffisant pour aller fonder sa propre colonie, un peu plus loin. Elle peut aussi tuer l'ancienne reine et, avec le temps, les ouvrières de Lasius minutus finissent par supplanter les autres, puisque leur relève n'est plus assurée.

Cette fourmi n'est pas une nuisance pour l'être humain. Elle nous est même probablement utile en participant, à sa façon, à l'équilibre naturel. Pourtant, elle disparait. L'Homme s'étend, nivelle, draine, construit  et détruit les habitats capables de l'héberger. Tant et si bien que Lasius minutus est devenue rare. Ne vivant que dans l'est de l'Amérique du Nord, son territoire s'étend approximativement, du Minnesota à l'ouest au Maine et à la Nouvelle-Écosse à l'est,  et de la Virginie au sud jusqu'au Québec, au nord. Chez nous, on ne les trouve plus qu'à quelques endroits dans le sud de la province dont l'un est ici, à Longueuil. Isolées, elles survivent tant bien que mal à la pression humaine et, si nous ne les protégeons pas, elle et son habitat, nous serons peut-être les témoins de la fin d'une histoire qui dure depuis 65 millions d'années.

Publié dans le numéro de janvier 2010 d'Infociel, le bulletin d'information du Centre d'information sur l'environnement de Longueuil 
Les magnifiques photos de la fourmi ont été prises par Bruno Gentile, un artiste talentueux dont on peut admirer quelques réalisations sur son blog

Pélécine, Pelecinus polyurator, American Pelecinid Wasp

Il ressemble à un scorpion mais c'est un hyménoptère, cousin des guêpes. Pelecinus polyurator  est le sauveur des banlieues puisqu'il pond ses oeufs dans les larves de Hanneton, ces ennemies du gazon.