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Un 29 avril à Pointe-Pelée

En ce deuxième jour, nous en sommes à 95 espèces d'oiseaux, dont sept qui ne sont pas sur la liste du Québec. Bien que nous nous tenions loin des "cocheux" (observateurs d'oiseaux capables de faire 600 km et plus pour voir l'espèce rare) et des photographes, notre grande fierté est d'avoir vu par nous-mêmes tout ce qui avait été rapporté sur les réseaux que nous consultons quand même à notre retour à l'hôtel.
À cette liste, nous ajoutons quelques espèces de plantes, parmi lesquelles je retiens aujourd'hui le platane d'Amérique (Platanus occidentalis), un arbre aussi monumental qu'étrange avec son écorce bigarrée.
Bien qu'ayant grandi en Touraine, je connais bien cet arbre car j'ai souvent croisé son hybride, le platane commun (Platanus x hispanica). Pour me rendre au collège, je descendais la rue des Platanes à pied, et plus tard, pour aller à la fac, je traversais la ville en empruntant l'avenue de Grammont, bordée de chaque côté des platanes majestueux. Je ne pensais pas à l'époque que j'irais à la rencontre de la branche américaine de leurs ancêtres.

La germinomanie

Ceci n'est pas une nature morte

J'ai une manie: partout où je passe, je ramasse des fruits et des graines. À la fin de l'année, je les range dans des petites boîtes hermétiques dans lesquelles j'ai pris soin de placer un essuie-tout humide et je les place dans le bas de mon frigo avec l'intention de lever une potentielle dormance physiologique. 

Une fois dans l'hiver, je les sors pour les nettoyer et enlever d'éventuelles moisissures, et puis je les replace. 

Au printemps, je casse délicatement les noix et les noyaux les plus durs pour exposer l'amande (la graine) et lever une éventuelle dormance physique. Certaines enveloppes sont tellement étanches que ni l'eau ni l'air ne passent. Et après, je les sème.

De gauche à droite: Sorbier du Lac Saint-Jean, Hamamélis du Mont-Saint-Bruno, cerisier du Tremblay, Chêne rouge du Tremblay (brun pâle), Chêne à gros fruits de Notre-Dame-du Nord (brun foncé) et Caryer ovale du Tremblay.

Cette année, si tout se passe bien, j'aurais peut-être des médéoles de Virginie, des sorbiers d'Amérique, des hamamélis de Virginie, des chênes et des caryers ovales.

Un 9 janvier au parc de Dieppe

Drôle de journée brumeuse et froide pour profiter d'une vue sur le fleuve et Montréal, mais cette tache verte au milieu du fleuve que google earth appelle Parc de Dieppe m'intriguait. 

Alors, nous y sommes allés avec l'idée que nous trouverions peut-être des canards d'hiver sur le fleuve et, pourquoi pas des hareldes kakawis; j'en avais déjà vu sous le pont Jacques Cartier, il y a longtemps.

Drôle de parc avec une belle vue sur Montréal dans la brume et quelques goélands marins sur la banquise. 

Alors, nous nous sommes promenés sous les pins rouges à la recherche de hiboux et de chouettes. Sait-on jamais, ils aiment se reposer à l'abri des conifères et il en a été trouvé récemment sur l'île Sainte-Hélène voisine.

Drôle d'idée dans un si petit parc.

Alors, nous sommes rentrés en nous promettant de revenir profiter de la vue par beau temps. Ce doit être chouette la nuit, toutes les lumières de la ville.  

Juger l'arbre par l'écorce

Quoiqu'en dise le proverbe, il est tout à fait possible d'identifier certains arbres en jugeant leur écorce du regard. Épaisses ou minces, lisses, rugueuses ou épineuses, crevassées, écailleuses ou effilochées, grises, brunes ou d'une autre couleur, toutes sont différentes, mais toutes protègent le bois des intempéries, des maladies et des blessures.


De l'écorce, nous ne connaissons que la surface, la partie morte que les scientifiques appellent le rhytidome, mais en creusant un peu le sujet, on peut découvrir beaucoup plus en dessous. Tout est si bien expliqué et illustré sur cette page que je me contenterai d'énumérer les différents tissus qui composent le tronc, de l'extérieur vers l'intérieur:


Sur un arbre coupé, il est possible d'identifier certains tissus visuellement, mais pas tous et pas toujours; cela dépend de l'essence. Ainsi, l'écorce se distingue facilement de l'aubier duquel elle a tendance à se détacher. Pour le cambium qui ne correspond qu'à une épaisseur de quelques cellules et qui disparait en séchant, il suffit de se dire qu'il est entre les deux. Et pour distinguer l'aubier du duramen (qui n'est que de l'aubier mort), il suffit de se fier à la couleur du bois, même si cela ne tient parfois qu'à une nuance. 

Sur ce peuplier faux-tremble, la distinction entre l'aubier (trait noir) et le duramen (trait blanc) n'est qu'une hypothèse échafaudée sur une nuance de couleur. Pour agrandir l'image, il suffit de cliquer dessus.
Sur un gros plan du même arbre, on peut voir l'aubier (trait noir), le liber (trait blanc) et l'écorce externe (trait vert).

Un de mes coins préférés

 

Quelque part dans le Boisé du Tremblay, il y a un endroit qui refuse obstinément de se laisser photographier. C'est un affleurement rocheux peuplé d'érables rouges, de caryers ovales, d'ostryers de Virginie et de chênes rouges où vient parfois se reposer une chouette rayée. 

Il y a des grains de peaux que l'on reconnaît facilement, comme celui de l'ostryer de Virginie

Un 25 septembre vers le lac des Quinze

En ce 25 septembre de l'an de grâce 2021, nous décidâmes de remonter la rivière des Outaouais jusqu'à sa source. Nous fîmes un arrêt à Notre-Dame-du-Nord, là où la rivière devient le lac Témiscamingue, dans le but d'obtenir la bénédiction de notre expédition, puis remontâmes le cours de la rivière vers le lac des Quinze.

La rivière des Outaouais au lac Kakake: à partir de là, nous empruntons "l'explorateur", un des chemins de randonnée balisés par l'organisme Récré-eau des Quinze.

Au lac Kakake, au bout du chemin du Pouvoir, nous fûmes contraints d'abandonner notre monture pour continuer à pied. Après 4 heures de marche dans une jungle froide et hostile, peuplée d'arbres vertigineux et de créatures toutes plus étranges les unes que les autres, nous dûmes nous avouer vaincus et rebrousser chemin.

Polystic faux-acrostic
Pin blanc

De retour à notre camp de base, nous réalisâmes la vanité de notre tentative en consultant Wikipedia qui nous apprit que la rivière des outaouais est le plus long cours d'eau du Québec (1271 km) et que sa source, parfaitement identifiée, est le lac des Outaouais situé bien au-delà de nos capacités.

Un monstre inconnu, capturé et confié aux experts de iNaturalist.com
Un autre trop rapide pour la pellicule numérique, mais connu sous le nom de Grand Pic

Les sorbiers

Sorbier d'Amérique

Arbres ou arbustes, américains ou eurasiens selon les espèces, les sorbiers (Sorbus) ne sont pas que des arbres décoratifs que l'on plante dans les jardins et les parcs. À une autre époque, ils ont été alimentaires, médicinaux, transformés en outils et investis de magie. Tombées en désuétude, certaines espèces sont aujourd'hui menacées ...

En se promenant autour du lac Saint-Jean

Même si le volume d'eau du lac Saint-Jean parvient à tempérer un petit peu le climat, Il n'y a aucun doute sur le caractère boréal des paysages dominés par les conifères (épinettes, sapin baumier et pin gris) au milieu desquels parviennent parfois à s'immiscer des bouleaux blancs ou jaunes, et des sorbiers d'Amérique.

Dans les zones autrefois cultivées, on retrouve évidemment l'omniprésent peuplier faux-tremble qui est souvent le premier à se dévouer pour effacer les traces de notre passage.  

Les pins gris se plaisent dans les sables laissés par la mer de Laflamme , il y a 10000 ans. Ils y forment des peuplements purs de grands arbres.
Une autre spécialiste du sable, la comptonie voyageuse (Comptonia peregrina) est omniprésente. Malgré ses feuilles de fougères qui lui ont valu le nom de "Sweet Fern", c'est un petit arbuste de la famille des Myricacées. Les résidents de Montréal et de ses environs peuvent en voir au parc d'Oka où elle est considérée comme une plante rare. Je n'ai pas encore trouvé pourquoi on la dit voyageuse.
Le sorbier d'Amérique est une autre espèce très présente autour du lac

Quand on parle de Boréalie, on ne peut passer sous silence le pic à dos noir, un spécialiste des conifères qui, contrairement à la plupart des autres membres de sa famille, ne creuse pas le bois, mais préfère écorcer les troncs en glissant son bec sous les écailles d'écorce. Cette technique moins bruyante le rend plus difficile à repérer par les observateurs.

Et puis parfois, les promenades vous réservent des surprises.

Un panda roux songe aux forêts de bambous des montagnes de son pays natal sous le regard attendri des visiteurs du zoo de Saint-Félicien qui prend bien soin de mettre de l'avant sa mission de sauvegarde des espèces menacées pour justifier sa présence.

Au bord de la route (je n'en croyais pas mes yeux), des champs entiers de cannabis prêt à récolter, mais comme quasiment personne ne sait à quoi ressemble la plante avant de la fumer, le cultivateur n'a pas à craindre le pillage. Évidemment, c'est du "bio" et du "médical".   

Un 24 juillet sur le Mont Saint-Bruno


Nous allions y vérifier la présence d'un plan de Ginseng à cinq folioles vu deux ans auparavant. Pas vu; la mémoire ou la nature nous a fait défaut.

Dans le sous-bois, l'ombre des vieux érables, bien qu'éclaircie par la spongieuse, est trop dense pour permettre à une autre végétation de s'établir, à l'exception d'un tapis de jeunes érables à sucre qui attendent que les vieux leur laissent la place.

De la place, il n'y en aura pas pour tout le monde.
Et puis, il faut bien nourrir ce faon.

En allant cueillir des patates

Ce qu'on appelle le Champ de patates ou le Champ du diable, ou encore la Pièce-des-Guérets, est une intriguante coulée de galets sur le flanc du Mont Rigaud à quelques kilomètres de Montréal. D'après les géologues, ce serait une moraine de fond, c'est-à-dire un tapis de roches entrainées par un glacier et sur lequel il s'écoule. Toutefois, d'après la légende mise en rimes par le poête Zéphirin Mayrand, il s'agirait plutôt de l'oeuvre du diable. À vous de vous forger une opinion, je me contente d'exposer les faits !

Douze mille années n'ont pas suffi à la végétation pour effacer les traces laissées par le glacier; c'est peut-être ce qui est le plus impressionnant.

Quoi qu'il en soit, on a érigé une croix au sommet du Mont Rigaud...au cas où. 
Si elle a conjuré le sort, elle n'a pas empéché le fléau des spongieuses de s'abattre sur la forêt de chênes. Nous y étions le 4 juillet, mais on se serait cru au début du printemps. Heureusement, les chenilles passent et les feuilles repoussent. Et puisque la spongieuse est partout cette année, même dans nos jardins, ne vous précipitez surtout pas chez votre fournisseur de pesticides. Les arbres ont moins à craindre de la chenille que nous des insecticides.

La spongieuse n'a rien laissé...
Mais le chêne n'a pas dit son dernier mot

Rattrapé par ses démons

Le bouleau verruqueux: une nuance de vert au milieu des autres

Le plus gros arbre du jardin est un bouleau. Il était là quand nous sommes arrivés, mais il n'est pas venu tout seul puisqu'il s'agit d'un bouleau verruqueux (Betula pendula) qui pousse normalement en Europe. C'est l'arbre qui nous fait de l'ombre quand nous mangeons, lisons et prenons l'apéro, et auquel nous accrochons le hamac quand il fait trop chaud pour faire autre chose qu'une sieste; c'est pour dire à quel point il est important. 

Nous en prenons grand soin; c'est-à dire que nous y touchons le moins possible. Il y a quelques années, il avait une vilaine cicatrice dans le tronc qui se remplissait d'eau à chaque pluie et se creusait au lieu de se refermer. J'ai fini par forer un trou dans le bas de la cavité pour que la plaie se draine et elle a fini par disparaître. Cela me donne l'occasion de manifester ce complexe de supériorité sur la nature qui habite l'espèce humaine en prétendant l'avoir aidé.  

Lymantria dispar (enfin je crois) dans toute leur beauté

Cette année, il en pleut des chenilles qui ressemblent à des spongieuses, les larves d'un papillon nocturne appelé le Bombyx disparate (Lymantria dispar). Si notre bouleau pensait échapper à ce fléau européen en s'installant en Amérique, c'était sans compter sur Étienne Léopold Trouvelot qui introduisit le ravageur en 1869. Normalement, l'arbre devrait y survivre, car si les chenilles en profitent, elle finiront par faire profiter les oiseaux, les insectes qui les parasitent et quelques pathogènes de lépidoptères. À ce propos, j'ai déjà vu quelques fourmis charpentières en rapporter vers leur colonie, probablement établie dans le cabanon du voisin. D'ailleurs, peut-être devrais-je lui en toucher un mot, lui qui croit s'en être débarrassé.

Un 28 avril dans le parc des Grèves

Au sud de Sorel-Tracy, entre le fleuve Saint-Laurent et la rivière Richelieu, le parc régional des Grèves créé par les municipalités de Contrecoeur et de Sorel-Tracy protège une magnifique forêt de pins blancs installée sur une terrasse fluviale ancienne.

Pins blancs
En entrant dans la forêt, on est surpris par la densité des pins de tout âge qui poussent à l'abri des plus vieux, un signe de vigueur et de vitalité de la forêt qui fait plaisir à voir.
Pins blancs

Pin blanc, gaulthérie couchée, coptide trifoliée, épigée rampante et thé du Labrador, on pourrait presque se croire dans le massif des Laurentides, mais nous sommes bel et bien dans les basses terres du Saint-Laurent et la seule montagne visible est celle des résidus miniers au centre du parc. Cette communauté de plantes de sols acides et siliceux ne doit son existence qu'au banc de sable laissé, il y a 5000 ans, par le proto-Saint-Laurent qui cherchait encore son chemin vers l'océan.

Parc des grèves
Au centre de la forêt, une espèce de furoncle continue de croître. P-84 (c'est ainsi que Rio Tinto Alcan l'a baptisé) est une montagne de résidus miniers; ce qu'il reste de l'ilménite après que la "minière" en ait extrait le titane et le fer
Épigée rampante
Épigée rampante
Coptide trifoliée
Coptide trifoliée
Gaulthérie couchée
Gaulthérie couchée

En s'enfonçant dans la forêt, le sous-bois devient plus humide et même marécageux par endroits. Un panneau d'interprétation nous explique qu'il s'agit même d'une petite tourbière dont le couvert végétal a été retiré accidentellement par l'humain; ce qui laisse apparaître l'eau...Soit, nous ne nous écarterons pas de la passerelle de bois, ou peut-être juste un peu pour aller faire une photo de chou puant et de ce chèvrefeuille du Canada en fleurs. 

Chou puant
Chèvrefeuille du Canada
Pendant que je risque ma vie pour aller photographier un chou, une chouette rayée, loin loin loin,  fait un clin d'oeil à ma blonde.

Puis fatalement, on passe près du dépot. En fait, on le sent avant de le voir, comme une odeur de guano qui flotte dans l'air. Ça n'a pas l'air de déranger la marmotte qui n'a jamais eu autant d'espace pour creuser, mais je me demande ce qu'en pensent les amphibiens du ruisseau qui passe suffisament près pour recueillir les eaux de ruisellement. Il fallait bien les mettre quelque part ces résidus de minerai et il est moins coûteux de créer une montagne à Sorel que de reboucher le trou que l'on creuse à 875 km de là, au lac Tio prés de Havre Saint-Pierre.