Des lacs si grands...

... que l'on croirait des mers. Des plages de sable blanc, des dunes, des falaises, des "lagunes", le bruit des vagues, les cris des oiseaux de mer et aucun repère lorsque le regard se porte vers le large, il ne manque aux cinq Grands Lacs que le sel et les marées, mais c'est sans importance. Ni le temps, ni le lieu n'y font rien; quel que soit l'endroit d'où je les regarde, ils me font toujours la même impression. 

Le lac Ontario depuis Prince Edward Point à l'extrémité orientale de la presqu'île que forme le comté du Prince-Edward (Ontario). La côte que l'on devine à l'horizon appartient à la presqu'île.

Il y a 11 500 ans, les cinq Grands Lacs n'en formaient qu'un, le lac Agassiz qui s'étendait du Manitoba à l'Ontario. L'inlandsis qui couvrait le nord de l'Amérique avait commencé à se retirer et l'eau de fonte s'accumulait dans une dépression que le glacier avait lui-même creusé. À l'époque, ce lac proglaciaire se vidait par l'ouest dans le bassin du Mississippi. Avec le recul de la calotte glaciaire vers le nord et le relèvement de la croûte terrestre libérée du poids de la glace, les lacs se vident aujourd'hui à l'est et vers le nord-est, par le fleuve Saint-Laurent.      

Parc provincial de Sandbanks: un cordon de dunes hautes d'une vingtaine de mètres. Avec une longueur d'une douzaine de kilomètres, c'est la plus grande formation de dunes en eau douce du monde. On aperçoit à gauche le lac Ontario et, à droite, le lac West qu'on ne peut pas appeler une lagune puisqu'aucune étendue d'eau n'est salée. Tout ce sable vient de l'érosion glaciaire; le vent n'a fait que le rassembler. Il était plus à gauche avant que l'humain, qui se croyait malin, ne défriche pour planter ses légumes. Mais quand ses champs et ses villages ont été engloutis par le sable, il a décidé de reboiser les dunes.
Si vous aimez la plage et la foule, réservez en ligne avant de sortir votre maillot de bain; si vous préférez la nature, venez hors saison quand le parc est fermé, mais pas interdit, sans oublier votre manteau. 

Sans gants, ni dentelle

De retour d'Ontario où nous étions allés à la rencontre des oiseaux migrateurs, j'ai pu constater que cette province souffre du même mal que le Québec. C'est une maladie ancienne, aussi ancienne que l'homme, mais ses manifestations se renouvellent sans cesse. Il existe un traitement, mais puisqu'il serait couteux de le mettre en oeuvre et que certains individus y seraient de toute façon réfractaires, nos gouvernements ont toujours préféré gérer la pandémie à coups de remèdes aussi symptomatiques qu'inutiles.

Je disais donc, qu'en Ontario, j'ai été confronté à l'une des manifestations les plus récentes de cette maladie qui a de nombreux noms et que je choisirai d'appeler la paresse intellectuelle.  Depuis maintenant environ deux ans, il est devenu impossible de faire 100 mètres dans un milieu naturel sans rencontrer un sac à merde posé sur une roche ou accroché à une branche. Je comprends que si on accepte de se faire lécher le visage par une créature qui utilise la même organe pour se nettoyer l'orifice anal, le spectacle de ces sacs aux couleurs criardes et à la composition indégradable peut sembler anodin. 

Néanmoins, je tiens à signaler aux propriétaires de chien que si votre dystrophie musculaire vous handicape au point de ne pouvoir rapporter le sac jusqu'à la poubelle la plus proche, soit-elle votre automobile, il est moins dommageable pour l'environnement de laisser l'excrément sur place à condition qu'il ne soit pas au milieu du chemin. Ou en des termes plus compréhensibles pour ceux qui sont atteints de la maladie (niveau de littératie 1 à 2): "Si t'es trop feignant pour rapporter ton sac à merde, fais chier ton chien au bord du chemin et laisse son caca sur place. Et si tu ne sais pas pourquoi, dis-toi que c'est encore moins forçant." 

Sur ce, je reprends le cours normal de ce blog.

Larmes de sucre

C'est le printemps dans le sud du Québec. Les grenouilles des bois chantent le retour des beaux jours et le bouleau verruqueux du jardin pleure ses branches cassées par la dernière tempête de neige. Je pourrais récupérer cette eau de bouleau pour la transformer en sirop, mais combien de jours cela me prendrait-il ? 

Pour obtenir le résultat de ce petit boulot arithmétique, on assumera que: 

  1. le débit est d'une goutte toutes les 2 secondes, 
  2. le débit est constant sur 24 heures, 
  3. le volume d'une goutte est égal à 0,05 ml,
  4. il faut 100 litres d'eau de bouleau pour produire 1 litre de sirop.