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Un 29 avril à Gibraltar

Gibraltar est un territoire britannique d'environ 10 km2 situé à l'extrême sud de l'Espagne et constitué essentiellement d'une montagne de calcaire de 420 mètres de haut. Le "rocher", identifié par les marins de l'Antiquité comme l'une des deux colonnes d'Hercule gardant l'entrée du détroit de Gibraltar, fait partie de la cordillère bétique espagnole, qui devient le rif en Afrique du Nord. L'ensemble, soulevé au Jurassique lors du rapprochement de la plaque africaine et de la microplaque espagnole, forme l'arc de Gibraltar autour de la mer d'Alboran.


Au pied du versant occidental, la petite ville de Gibraltar
Le versant oriental du "rocher", en regardant vers le nord et l'Espagne
Vers le sud, les côtes de l'Afrique


Le rocher de Gibraltar est habité depuis longtemps comme en témoignent les traces d'occupation et les ossements néandertaliens retrouvés en plusieurs endroits du territoire. Aujourd'hui, 30000 sujets de la reine d'Angleterre y cohabitent avec 250 macaques de Barbarie (Macaca sylvanus); les uns vivant au pied du mont, les autres préférant ses hauteurs.  Nul ne sait vraiment d'où viennent les macaques. Les seuls autres représentants de l'espèce, une vingtaine de milliers tout au plus, vivent dans les forêts de l'Atlas sur l'autre rive. Ceux de Gibraltar ont-ils profité de la crise de salinité messinnienne qui a réuni l'Afrique et l'Europe il y a 5,5 millions d'années, pour étendre leur territoire ou ont-il été apportés par les Maures qui aimaient leur compagnie. L'absence de fossiles et l'analyse génétique semblent favoriser la deuxième hypothèse.


Un 28 avril dans les dunes de Tarifa

Tarifa est la ville la plus méridionale d'Espagne et de l'Europe continentale. Du bord du quai d'embarquement pour le ferry qui mène à Tanger, on peut voir les côtes africaines à une trentaine de kilomètres seulement.

En longeant la plage de Tarifa vers l'ouest, on arrive à la dune et au parc naturel de Valdevaqueros (la tache pâle à gauche)

Exposées au vent qui souffle tantôt de la Méditerranée (le levante), tantôt de l'Atlantique (le poniente), les plages de Tarifa sont un haut-lieu de la planche à voile et du kite surf. Ajoutez à cela, la horde des Européens du Nord, qui se rue vers le soleil et les plages en saison estivale, et on perçoit immédiatement la menace qui pèse sur ce qu'il reste de cet écosystème littoral déjà bien entamé par l'immobilier.
Heureusement, il y a des zones protégées où l'accès au bord de la mer se fait encore de façon naturelle, c'est-à-dire à pied, par des sentiers balisés et à travers une succession végétale caractéristique des littoraux sableux. Ainsi, après avoir traversé la pinède dominée ici par le pin parasol (Pinus pinea), on parvient à la zone herbacée (et extraordinairement fleurie en avril) de la dune avant d'atteindre la plage proprement dite.    


Un 23 avril dans le parc naturel de la Sierra de Hornachuelos

Chênes-lièges et cistes

Dans le nord de l'Andalousie, la Sierra de Hornachuelos est un sous-ensemble d'une chaîne de moyenne montagne plus importante, la Sierra Morena, qui longe la vallée du guadalquivir d'est en ouest sur environ 450 kilomètres. Moins élevée que la cordillère bétique au sud, la Sierra Morena est pourtant une région relativement isolée. Moins densément peuplée, elle a conservé un caractère plus sauvage.
Le paysage y est celui du matorral, la version espagnole de la garrigue et du maquis avec un couvert forestier peu dense constitué de plantes méditerranéennes typiques dont le chêne-liège, l'azérolier, les lavandes, le romarin et les cistes. 

Les chênes (Quercus suber) sont écorcés tous les 9 ans; c'est le temps nécessaire pour que le liège se reconstitue
l'azérolier (Crataegus azarolus) ou Épine d'Espagne, une aubépine méditerranéenne
Romarin (Rosmarinus officinalis)
Lavande papillon (Lavandula stoechas)
Ciste cotonneux (Cistus albidus)
Ciste à feuilles de sauge (Cistus salviifolius)
Glaïeul des moissons (Gladiolus italicus)
Muscari à toupet (Leopoldia comosa)
Gesse (Lathyrus sp)
Psammodrome algire (Psammodromus algirus)

Le parfum de Séville

La vue est un drôle de sens. C'est probablement le plus sollicité, mais c'est aussi celui qui s'émousse le plus vite. Passez une dizaine de fois au même endroit et les détails du décor commencent à s'estomper; passez une centaine de fois et il faudra le regard neuf d'un visiteur pour attirer votre attention sur un détail que vous ne voyiez plus.
De Séville (Andalousie), je ne garde que le premier regard et pourtant quand je repense à cette ville, ce ne sont pas des images qui reviennent à ma mémoire, mais un parfum, celui des orangers en fleur. Dans les jardins publics, à l'intérieur des patios et sur les trottoirs, ils sont omniprésents, embaumant l'atmosphère et se délestant de leurs oranges dans les plate-bandes.


Pour un habitant des pays nordiques qui paye si cher ses oranges, le spectacle de ces fruits moisissant au pied des arbres pourrait presque être choquant. Heureusement, il ne s'agit pas d'oranges douces (Citrus sinensis), mais plutôt d'oranges amères, ou oranges de Séville, fruits du bigaradier (Citrus aurantium). Comme leur nom l'indique, mise à part la marmelade dont elles sont l'ingrédient traditionnel, on ne peut pas en faire grand chose. Ce n'est pas le cas des fleurs dont on tire l'essence de néroli et l'eau de fleur d'oranger très utilisées en parfumerie et dans l'alimentation .   

Un 21 avril dans le Parc naturel de "Las Sierras Subbeticas"

Sur la route de Grenade à Séville, nous nous sommes volontairement perdus sur les petites routes de campagne jusqu'à arriver à Zuheros, un de ces magnifiques villages blancs d'Andalousie. Si l'errance était un moyen, le but était quand même de trouver un point de départ pour marcher à travers le karst du parc naturel des "Sierras Subbeticas".
À Zuheros, nous avons finalement trouvé un sentier qui remontait le cours d'un torrent, le rio Bailon. Il nous restait peu de temps; nous sommes donc partis légers: une paire de jumelles, un en-cas et une gourde. 

Zuheros
Canyon du rio Bailon
Karst de la cordillère subbétique

Trop léger malheureusement, car nous avons rapidement rencontré des plantes qui nous ont fait regretter de ne pas avoir transporté un moyen de les identifier. Parmi les plus spectaculaires, il y en avait une facile à rattacher à la famille des orchidées et deux autres totalement inconnues. Frustré, je me suis juré, une fois de plus, qu'on ne m'y reprendrait plus et plus tard, trop tard pour une bonne identification, j'ai appris que l'une d'elle était un asphodèle. L'autre, par contre, me restera inconnue; à moins que vous ne l'ayez déjà rencontrée, elle ou un membre de sa famille.

Ophrys jaune
Asphodèle
Inconnue

Le coût de l'olive


Avec une production moyenne d'environ 5.5 millions de tonnes par an, l'Espagne est le premier fournisseur mondial d'olives (FAO), loin devant l'Italie et la Grèce. De tels chiffres laissent forcément une trace dans l'environnement, et en Andalousie, première région productrice d'olives espagnoles, l'impact de cette culture saute aux yeux. Il suffit de parcourir la route entre Grenade et Séville pour constater la suprématie de l'olivier. La succession monotone des oliveraies avec leur terre mise à nue anéantit tout effort d'imagination de ce qu'a pu être le paysage originel de cette région. Au-delà de l'érosion des sols, il faut ajouter l'épuisement des nappes phréatiques par l'irrigation et la pollution par les fertilisants et les traitements phytosanitaires, inhérents à cette culture intensive.
Et pourtant, en bordure des champs, la résistance des messicoles s'organise, menée par les vipérines, les chardons et les coquelicots.

Papaver rhoeas
Echium sp
Scolymus hispanicus

Un 18 avril autour de la lagune de Fuente de piedra

Située à 400 mètres au dessus du niveau de la mer et isolée de la Méditerranée par 50 kilomètres de cordillère bétique, la lagune de Fuente de piedra, la plus grande d'Andalousie, est en réalité un grand lac salé qui recueille les eaux de ruissellement d'un bassin d'un peu plus de 150 km2. Ce bassin a la propriété d'être endorhéique, c'est-à-dire que ses eaux ne peuvent s'échapper que par évaporation.
À Fuente de piedra, malgré la dimension respectable de l'étendue d'eau (6,5 km de long sur 2,5 de large, pour une profondeur de seulement 50 centimètres), les 470 millimètres de précipitations annuelles ne suffisent pas à compenser l'évaporation estivale et les 1300 hectares du lac disparaissent entre le mois de juillet et les premières pluies d'automne.


Aussi improbables que paraissent les conditions de vie en raison de l'absence d'eau ou de sa salinité fluctuant entre 9 et 220 grammes par litre (à titre d'exemple, celle de l'eau de mer est d'environ 35 g/l), cet écosystème abrite la plus grande colonie de flamants roses d'Espagne et la deuxième d'Europe. Les quelques 12000 échassiers y trouvent suffisamment de zooplancton pour nourrir leur progéniture jusqu'à l'assèchement du lac. Aussi, quand on le visite en avril et que l'on constate la diversité de la faune, notamment aquatique, on a peine à imaginer que le paysage puisse se transformer au point de ne laisser voir qu'une croûte de sel.

Lapin de Garenne
Émyde lépreuse